Mis à jour | 19 novembre 2022 18h52HE
Six candidats - dont deux pairs de co-candidats - sont en lice pour prendre la direction du Parti vert du Canada, un an après la démission d'Annamie Paul qui a laissé dans son sillage des mois de turbulences au sein du parti et un résultat décevant aux élections de 2021.
Quatre des candidats veulent imiter les partis verts d'autres pays qui ont des co-leaders.
Il y a donc deux campagnes conjointes demandant aux membres verts leur choix de vote #1 et #2: Elizabeth May / Jonathan Pedneault et Anna Keenan / Chad Walcott.
Les deux équipes soutiennent que le co-leadership est la meilleure option pour rétablir la confiance, responsabiliser les membres et résoudre les problèmes de collecte de fonds et de gouvernance. Et, idéalement, gagner au moins 12 sièges aux prochaines élections fédérales et obtenir le statut officiel de parti à la Chambre des communes.
May et Pedneault préconisent de « partager la charge de travail » avec des responsabilités clairement définies au sein du Parlement et au sein du parti. May s’engage à travailler en tant que leader bénévole, Pedneault promettant d’accepter un salaire réduit.
Keenan et Walcott, quant à eux, cherchent à « une responsabilité partagée ... le renouvellement démocratique (et) le bien-être communautaire » par le biais du concept de co-leader.
Les résultats sont prévus pour le 19 novembre. Mais ce qui était conçu pour être un processus à deux tours en octobre et novembre a maintenant été condensé en une seule période de vote.
La présidente du parti, Lorraine Rekmans, a démissionné en septembre après un tollé par ce qu’elle avait utilisé les pronoms incorrects pour désigner la chef intérimaire Amita Kuttner lors du lancement virtuel de la direction.
Plusieurs candidats à la direction s’étaient joints à une déclaration de solidarité avec Kuttner qui, bien qu’applaudissant Rekmans pour avoir présenté des excuses immédiates, a également mis en garde contre une tendance de harcèlement qui a obligé le Conseil fédéral du Parti vert à rechercher un soutien externe.
Rekmans a affirmé qu’elle se sentait « insultée et dénigrée » par les candidats à la direction et que son optimisme était « mort » après un an dans le rôle.
Pendant ce temps, les revenus de collecte de fonds du parti ont considérablement chuté cette année. Après avoir reçu en moyenne 3,7 millions de dollars par année de 2015 à 2021, le Parti vert n’a reçu que 857 000 $ au premier semestre de 2022.
Comment le Parti vert du Canada en est-il arrivé là?
2019 : Elizabeth May renonce à la direction du parti
Elizabeth May a annoncé son intention de démissionner de la direction deux semaines après les élections fédérales, mais la première députée élue du Parti vert est demeurée leader parlementaire à la Chambre des communes.
2020: Annamie Paul l’emporte
Annamie Paul a remporté la course à la succession de May lors d'un scrutin à huit tours qui l'a vue remporter 50,6 % des voix au dernier tour, devançant son rival Dimitri Lascaris (42,2 %).
La victoire historique de Mme Paul fait d'elle la première Canadienne noire et la première Juive à diriger un des principaux partis fédéraux.
Été 2021 : Tensions et bouleversements internes
La députée de Fredericton, Jenica Atwin, qui a remporté une course finale à trois en 2019, a annoncé en juin qu’elle quittait le Parti vert du Canada pour se joindre au caucus libéral, citant des querelles internes au sujet du conflit israélo-palestinien.
Le conseil fédéral du parti a ensuite adopté une motion demandant à Paul de
1) désavouer les attaques de son ancien conseiller principal Noah Zatzman contre de nombreux politiciens, y compris des membres du caucus, les accusant de discrimination et d'antisémitisme, et
2) soutenir explicitement le caucus du Parti Vert.
Sinon, le conseil tiendrait un vote de confiance le mois suivant. (l’aile québécoise du parti a également réclamé la démission de Annamie Paul).
Annamie Paul a dépeint les manœuvres comme un geste raciste et sexiste d'un petit groupe de militants verts visant à la destituer de son poste de chef. Le départ d'Atwin a laissé Elizabeth May et Paul Manly comme seuls députés du parti vert à la Chambre des communes. Tous les deux ont déclaré que les querelles internes au sein du parti au sujet du Moyen-Orient et les propos de Zatzman comme les " facteurs qui ont contribué à cette crise".
Un vote de censure, devant être tenu le 20 juillet, et la revue de la composition de son parti ont été annulés.
Automne 2021 : Élection et démission
Des mois d’agitation à l’intérieur du parti ont été suivis d’une baisse importante du soutien du Parti vert à l’échelle du Canada lorsque les bulletins de vote ont été comptés le 20 septembre.
La part des Verts dans le scrutin populaire global a chuté de près de deux tiers.
May a été réélu dans Saanich—Gulf Islands, en Colombie-Britannique. Mike Morrice a remporté la victoire dans Kitchener-Centre, où le député libéral sortant Raj Saini a mis fin à sa campagne en raison d’allégations de harcèlement sexuel. Mais Paul Manly a perdu son siège sur l’île de Vancouver au profit du NPD.
Paul a fait campagne presque exclusivement dans sa circonscription, Toronto-Centre. Elle s’est classée quatrième à 8,5 p. 100 , une amélioration par rapport à 2019, mais une baisse importante par rapport aux 33 % gagnés lors d’une élection partielle en 2020.
Une semaine après l'élection, et alors qu'une évaluation de la direction se profilait, Annamie Paul a annoncé son intention de démissionner après une campagne qui, selon elle, n'a pas bénéficié d'un financement adéquat, d'une dotation en personnel suffisante et d'un directeur de campagne nationale adéquat.
Paul a dit aux journalistes qu’elle n’avait pas le coeur de continuer à se battre et à lutter pour conserver son emploi ou faire face à de nouvelles attaques de la part des critiques. Et ces mois d’hostilité interne et de manque de soutien au sein du Parti vert ont été la période la plus difficile de sa vie.
Selon Paul, le plafond de verre qu'elle a brisé en remportant le poste de direction a laissé des éclats au-dessus de sa tête et "une traînée de verre brisé sur laquelle je devais ramper".
Après des mois de conflits à l'interne, la cheffe du parti Vert Annamie Paul annonce sa démission. « Avais-je la force de continuer dans ce rôle? De survivre aux attaques? Au final, la décision est non. »#polcan pic.twitter.com/ULJ7Aq6oxS
— CPAC (@CPAC_TV) September 27, 2021
