Congrès du Parti libéral en 1948

Congrès du Parti libéral en 1948


7 août 1948

Colisée d’Ottawa

Présidents : Gordon Fogo (président, Fédération libérale nationale) et Joseph-Adéodat Blanchette (député, Compton QC)

Vingt-neuf ans après la victoire de 1919 de M. King, les libéraux sont retournés à Ottawa pour choisir son successeur.

Le départ de King était prévu depuis plusieurs années. Le projet de tenir un congrès l’été suivant s’est officiellement concrétisé en novembre 1947.

Le calendrier politique canadien était fort chargé cette année-là car il y a eu cinq élections provinciales entre juin et août en plus d’un congrès 4 la direction progressiste-conservateur.


LES CANDIDATS

Personne n’a été surpris lorsque Louis St. Laurent, le ministre des affaires extérieurs âgé de 66 ans, a gagné le gros lot à l’issue de ce congrès de trois jours.

Malgré le fait que la majorité des délégués étaient neutres à leur arrivée dans la capitale plus tôt cette semaine-là, les observateurs s'attendaient à ce que St. Laurent – le choix personnel de M. King – gagne.

James Gardiner, ministre de l’agriculture de longue date, était son principal rival. Gardiner préconisait l’augmentation des niveaux d'immigration et des liens plus étroits avec el Royaume-Uni. Il recueillait le plus d’appuis en Alberta, en C.-B., et en Saskatchewan.

Toutefois, St. Laurent était perçu comme étant plus fort partout ailleurs, surtout au Québec et en Ontario.


LE CONGRÈS

Les autres candidats désignés étaient Douglas Abbott, Brooke Claxton, Lionel Chevrier, C.D. Howe, Paul Martin, et Stuart Garson.

Ils se sont tous retirés de la course à leur arrivée au congrès, une manœuvre que King avait lui-même orchestrée afin de consolider les appuis de St. Laurent et barrer la route à Gardiner, candidat jugé « sans pitié et égoïste ».

King a aussi fait campagne pour St. Laurent dans les coulisses et il est revenu sur sa décision de ne pas voter au premier tour.

Chaque candidat disposait de 20 minutes pour s’adresser à l’auditoire. Le discours de Gardiner dans lequel il demandait qu’on lui donne la chance d’être la « bougie » du parti a dépassé le temps alloué.

L’ancien ministre Charles Gavan Power est arrivé loin derrière en troisième place. Dans son discours, il préconisait une réforme du système électoral (incluant la limitation des dépenses des campagnes électorales) et le retour du parti à la protection de droits individuels.

St. Laurent a dit aux congressistes que son gouvernement prendrait des initiatives visant à prévenir le propagation du communisme à l’étranger et que le Parti libéral était la seule formation politique à concilier les deux solitudes (anglaise et française) du Canada en plus d’être la seule à s’engager à défendre les droits provinciaux.


LE SCRUTIN

Après une heure de dépouillement, le résultat a été annoncé samedi, à 18 h devant 4 000 personnes et à des auditeurs dans tout le pays qui suivaient les délibérations à la radio.

Des acclamations nourries et de nombreux flashes d’appareil-photo ont rempli la salle avant même que le résultat final ne soit inscrit.


AUTRES FAITS :

  • « Unité-Sécurité-Liberté » était le thème retenu pour cette course, et d’énormes portraits de Laurier et de King se trouvaient à l’intérieur du Colisée d’Ottawa.
  • Environ 60 sympathisants de la campagne « Recrutons Martin » de l’ouest ontarien ont aménagé une salle de comité à l’hôtel Château Laurier, puis ils ont défilé dans le centre-ville d’Ottawa accompagné d’un cornemusier pour ensuite entrer dans le centre de congrès, interrompant le discours d’adieu de M. King. M. Martin a quitté l’estrade pour demander à ce groupe de cesser leur manifestation.
  • Le premier soir, plus de 4 000 personnes ont assisté à une fête champêtre à la Ferme expérimentale centrale durant laquelle on leur a servi « des sandwiches, des gâteaux, du café, du thé, du punch, et de la crème glacée ». D’après les documents officiels du congrès, plus de 2 000 personnes ont assisté à une soirée dansante au Château Laurier.
  • W. Ross Macdonald, un député libéral et vice-président de la Chambre des communes, a agi à titre de directeur de scrutin.
  • Les journalistes voulaient savoir quand M. St. Laurent assumerait la fonction de Premier ministre aussi. Ce dernier est entré en fonction le 15 novembre.