2 décembre 2006
Palais des congrés, Montréal
Présidents: Tanya Kappo (Commission des peuples autochtones - Parti libéral du Canada) et le député Dominic LeBlanc (Beauséjour, N.-B.)
La donne avait beaucoup changé en trois ans pour le Parti libéral du Canada. En novembre 2003, la direction du parti et les clés du bureau du Premier ministre étaient passés de Jean Chrétien à son rival de longue date Paul Martin.
Les partis progressiste-conservateur et Alliance canadienne étaient sur le point de se fusionner et d’élire un chef.
Les libéraux sûrs d’eux-mêmes (et même Bono y croyait) se sont réunis à Toronto et on parlait d’une majorité de plus de 200 sièges pour M. Martin à la suite de la prochaine élection.
Les élections de 2004 ont relégué le Parti libéral en position minoritaire. Celles de 2006 ont mis Stephen Harper et le nouveau Parti conservateur, provoquant la démission de M. Martin.
Dix mois plus tard, des milliers de délégués libéraux se sont réunis à Montréal. Il n’y a pas eu de couronnement automatique cette fois-ci.
À VISIONNER: Ken Rockburn dans les coulisses à Montréal (Parlons politique)
LES CANDIDATS
Pour entrer dans la course, les aspirants chefs devaient verser des frais d’entrée de 50 000 $ et respecter une limite de dépenses de 3,4 millions de dollars.
Le coup d’envoi officiel de la course a été donné le 7 avril. Plusieurs éminentes personnalités ont refusé de briguer l’investiture, à savoir : Sheila Copps, John Manley, Frank McKenna et Allan Rock.
Les députés Maurizio Bevilacqua, Carolyn Bennett, et Hedy Fry se sont portés candidats puis se sont retirés.
Néanmoins, il y avait des choix intrigants au premier tour de scrutin: Michael Ignatieff, un brillant chercheur universitaire et auteur qui était rentré au Canada après avoir passé de nombreuses années sous les feux des projecteurs de la scène internationale.
Bob Rae, ancien premier ministre néo-démocrate de l’Ontario qui avait quitté les fonctions de représentant élu en 1996.
Gerard Kennedy, un ministre du gouvernement ontarien.
Scott Brison, un ancien conservateur devenu ministre des Travaux publics du gouvernement libéral de Paul Martin.
Ken Dryden, un ex-gardien de but de la LNH et membre du Temple de la renommée qui s’était également illustré en dehors du milieu du hockey.
Martha Hall Findlay, une avocate torontoise et l’unique femme dans la course.
Joe Volpe, un député de longue date torontois dont la victoire semblait peu probable.
Et Stéphane Dion, l’ancien ministre de l’environnement et des affaires intergouvernementales qui avait quitté le milieu universitaire pour se lancer en politique à la suite du référendum de 1995 au Québec.
MM Ignatieff ou Rae pourraient-ils obtenir suffisamment d’appuis auprès des autres camps lors du premier tour de scrutin?
Qui ferait tomber les meneurs : MM Dion, Dryden ou Kennedy?
Il a fallu quatre tours de scrutin pour régler la question.
LE CONGRÈS
Le congrès commence à Montréal sur fond de spéculations quant au soutien qu’obtiendra Michael Ignatieff, qui mène le peloton avant le congrès en matière d’appuis provenant de délégués choisis.
Parviendra-t-il à attirer suffisamment de délégués des autres pour survivre aux scrutins ultérieurs ?
LE SCRUTIN
Après l’annonce des résultats du premier tour de scrutin sont dévoilés. Martha Hall Findlay donne son appui à M. Dion tandis que Joe Volpe se joint à M. Rae. Se retrouvant en sixième place, Brison permet à ses délégués de voter comme bon leur semble avant de se ranger du côté de M. Rae.
Les délégués sont désormais libérés de leur allégeance à un candidat au premier tour et peuvent voter pour le candidat de leur choix.
Au milieu du deuxième tour de scrutin, MM Dion et Kennedy se serrent la main et s’adressent aux journalistes. Ces deux candidats se sont classés quasiment ex aequo en troisième place lors du premier tour de scrutin alimentant ainsi des conjectures sur une entente. On voit Ralph Goodale, un partisan de Rae, s’approcher de M. Dryden.
Les résultats comblent l’écart entre MM Ignatieff et Rae tandis que M. Dion demeure toujours au troisième rang. M. Dryden se range du côté de M. Rae et M. Kennedy, de celui de M. Dion. Les deux ont permis à leurs délégués d’agir à leur guise.
La question sur toutes les lèvres est de savoir si M. Ignatieff peut récolter suffisamment de voix des autres camps pour se classer deuxième.
Le troisième tour de scrutin en déciderait bientôt : M. Dion se hisse au premier rang ayant 122 voix de plus que M. Ignatieff. M. Rae est obligé de se retirer de la course, mais il refuse de se ranger derrière l’un des candidats restants.
Seul candidat défait dans le camp de M. Rae, M. Brison décide d’appuyer M. Ignatieff tandis que les autres se rangent derrière M. Dion lors du quatrième et dernier tour de scrutin.
Ayant recueilli près de 55 % de l’appui des membres lors du congrès, Stéphane Dion devient le nouveau chef du Parti libéral du Canada.